« You’re fired » quand on a des amis comme cela, on se passe d’ennemis.

« Un bon moment de télévision »* (« a good moment of TV show ») a dit Donald Trump en se levant de son fauteuil jaune lors la rencontre pour la signature en vue du partage des ressources ukrainiennes, après avoir voulu  l’humiliation d’un homme qui se bat depuis trois ans.   Zelensky qui a compris qu’il était dans un piège , où l’on se mettait deux contre un, en face de toutes les télés du monde y compris  celles de l’ennemi, en invoquant des  chiffres faux, en utilisant les arguments de l’ennemi pour traiter  avec un allié, en inversant les faits, avec pour commencer une petite claque sur l’épaule, en  lui disant ironiquement « vous avez un beau pull » , est sorti. On sait que la famille Trump est dans la mode à grande échelle.

Le monde à se partager comme un gâteau, l’argent roi :  une seule attitude possible en face de cela…partir et continuer à se battre. aaaaa

L’image que j’ai mise pour illustrer ce moment de carnaval ,  est un roi nu – Neptune – qui ne peut que montrer son « cul » derrière des clôtures, qui interdisent l’entrée d’un domaine réservé à ceux qui ont les places.

Au début du conflit, en 2022 et afin de comprendre les enjeux, j’ai commencé mes recherches sur les relations de l’Ukraine avec la Russie, car on ne pouvait pas dire que la plupart des commentaires  d’opinion,  nous menaient à comprendre grand chose du problème de fond : la domination de l’Ukraine par la Russie qui ressemble plus à une colonisation  qu’à une amitié fraternelle ! Certains d’entre vous, originaire de la région,  l’ont peut-être vécu par grands-parents interposés.

Sous le régime de Staline – né le 18 décembre 1878 à Gori ,  mort le 5 mars 1953 à Moscou. – au pouvoir depuis 1922**se produisit  l’Holodomor  qu’on peut traduire par « extermination par la faim »,  et qui désigne la grande famine qui eut lieu en RSS d’Ukraine et dans le Kouban  en URSS, en 1932/33 , et dans le contexte plus général des famines soviétiques  à partir de 1931, qui fit, selon les estimations des historiens entre 2,6 et 5 millions de morts en Ukraine : toutes les récoltes de blé des ukrainiens partaient dans  les trains allant vers la Russie.

Quarante ans plus tard, les exactions du régime furent révélées par la publication de L’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne,  traitant du système carcéral  et du travail forcé mis en place en Union soviétique. Écrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité, l’ouvrage ne se veut ni une histoire du goulag ni une autobiographie, mais le porte-parole des victimes des goulags,  camps d’extermination : il est écrit à partir de 227 témoignages de prisonniers ainsi que de l’expérience de l’auteur. Publié à l’étranger en 1973, après que le KGB eut confisqué une copie, ce livre en Europe de l’ouest et dans tout l’occident, fit l’effet d’une bombe. Les communistes occidentaux ne voulaient pas y croire, et certains continuent à penser à ce nouveau système, comme au meilleur, alors que c’est une dystopie.

Voici un petit résumé de centaines d’années de luttes des ukrainiens pour leurs vies et pour leur culture : d’abord l’histoire ancienne sur laquelle s’est construit l’Ukraine, puis l’histoire récente depuis 2004

Au XIXe siècle, les Ukrainiens vivaient principalement dans des villages ou des petites villes. Dès 1804, sous le tsar Alexandre Ier, l’enseignement en ukrainien dans les écoles avait  été interdit  ce qui avait entraîné une dégradation considérable de la culture ukrainienne. En 1817, la langue polonaise fut obligatoirement enseignée dans toutes les écoles publiques de l’Ukraine occidentale  pendant que le russe était imposé dans la partie orientale .

Alexandre II de 1855 à 1881 avait pour objectif l’alphabétisation des campagnes, mais elle devait exclure les Ukrainiens : de fait, à la fin du XIXe siècle, l’ukrainien étant considéré comme la langue de ruraux incultes.  Plusieurs décrets furent publiés pour en interdire l’usage , le dialecte petit russe étant considéré comme du russe corrompu par l’influence de la Pologne!  La circulaire  de 1863 et le décret Ems de 1876   par lequel une grande partie des publications en langue ukrainienne était interdite,  incluant les textes religieux, les manuels scolaires, etc, marqua un pas supplémentaire dans la volonté d’éradiquer la culture ukrainienne : « il n’y a jamais eu de langue ukrainienne et il n’y en aura jamais. » Le tsar Alexandre III (de 1881 à 1894) étendit même la russification en Pologne, dans les pays baltes et en Finlande. L’Empire russe multiethnique devait être de langue russe et de religion orthodoxe. En 1897, la population de Kiev est principalement  Russe ; en raison de la révolution industrielle, davantage d’ukrainophones commencent à venir des villages  et ils adoptent le russe Des dizaines de milliers de Russes  habitent à l’Est du pays, en Ukraine-Sloboda et au sud,  dans la  « Nouvelle Russie »  .

Sous Nicolas II (1894 condamné à mort en 1917, avec sa famille qui fut assassinée avec lui, abandonné par les autres membres des  familles royales européennes), le gouvernement  proscrivit en 1901, l’usage du mot Ukraine  et imposa la dénomination de  Petite Russie, par opposition à  Grande Russie centrale européenne et  Russie blanche (Russie de l’Est – Biélorussie).

En novembre 1917, sous l’inspiration  de Lénine**,  « le petit père de la révolution » la République populaire d’Ukraine occidentale  affronta la République soviétique d’Ukraine, soutenue par les bolcheviques et  en 1922 est créé la République socialiste soviétique d’Ukraine – Ukraine de l’Ouest et du Sud-Est  réunies et annexées à l’URSS. Il est remplacé par Staline**** en 1923. Par sa population, la République socialiste soviétique d’Ukraine était la deuxième république fédérée de l’URSS.

On notera ici que Poutine cent ans après revisite l’histoire.

Le 19 septembre 1941, la Wehrmacht d’Adolf Hitler entra dans Kiev, qui comptait alors 900 000 habitants selon les rapports allemands d’aujourd’hui, 33 771 Juifs furent exécutés durant l’opération, un camp de concentration fut créé à Babi Yar, 60 000 exécutions eurent lieu au même endroit :  Polonais,  Roms et  Ukrainiens et juifs.***

En 1954, la Crimée, qui avait été à moitié détruite par la guerre, fut cédée par Nikita Khrouchtchev à l’Ukraine par décret, dans l’indifférence générale. Le nombre de Russes fut multiplié par trois environ : de 8 %  en 1920, ils passèrent à 17 % en 1959 avant d’atteindre 22 % en 1989, avec comme résultat que le russe finit par s’imposer dans toute l’Ukraine, notamment dans les domaines de la politique, de l’économie et de l’enseignement supérieur.

Plus prés de nous, en 1985, les réformes commencées par Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président en exercice de l’URSS, donnèrent un nouvel élan aux mouvements des nationalités.

Le 21 novembre 2004, fut  le début de la Révolution orange : à la suite de la proclamation du résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle, une série de manifestations politiques se déroulèrent en Ukraine. La Constitution réformée de 2004 allait vers davantage de parlementarisme en affaiblissant les compétences du président au profit du Premier ministre et du Parlement, permettant ainsi de mettre un terme au régime de Leonid Koutchma. À travers la révolution orange, et après la révolution des Roses en Géorgie (), c’est la lutte d’influence que se livrent en sourdine Moscou et Washington. Le caractère spontané du mouvement est remis en question par la Russie et plusieurs titres de presse d’horizons divers, soulignent que la révolution orange a bénéficié d’aides extérieures et notamment de soutiens financiers de milieux proches des intérêts de gouvernement américain ou opposants au régime de Vladimir Poutine.

En 2013,  la  Rada,  le parlement ukrainien avait approuvé à une large majorité la finalisation de l’accord avec l’UE et  en réponse à la décision soudaine du président de l’Ukraine, Viktor Ianoukovytch de suspendre l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, afin de relancer un dialogue actif avec Moscou  ; une vague de protestations à grande échelle avait débuté

Entre le 18 et le 23 février 2014, la révolution de la dignité , ou de la place Maiden     aboutit à la destitution par le Parlement du président élu, et au retour à la Constitution de 2004 en s’opposant à la Russie  faisant alors pression sur l’Ukraine, mais la Russie est accusée d’ une corruption généralisée du gouvernement, d’abus de pouvoir  sous l’ influence des oligarques, et de la violation des droits de l’homme lors des manifestations du fait de la police spéciale anti-émeute (Berkout) qui a entraîné la mort de 108 manifestants, 13 policiers et de nombreux blessés.

La Russie considérant le renversement de Ianoukovytch comme un coup d’État illégal ,  ne reconnait pas le gouvernement intérimaire , mais Petro Porochenko , élu président après une victoire aux élections présidentielles de 2014  entame  et une dé-soviétisation généralisée du pays.

Malgré tout, une résistance russe se constitue et des manifestations prorusses et contre-révolutionnaires éclatent dans le sud et l’est de l’Ukraine. La Russie annexe la Crimée, tandis que des séparatistes prorusses armés saisissent les bâtiments gouvernementaux,  déclenchant la guerre du Donbass et Début , la république autonome de Crimée est détachée de Kiev,   le entérine son rattachement à la fédération de Russie.

Dans le courant du mois d’avril, les prorusses prennent d’assaut les institutions de plusieurs villes de l’oblast de Donetsk et de Louhansk et proclament l’indépendance des deux régions? en tant que républiques populaires de Donetsk et république populaire de Louhansk validées  par des référendums.

Après vous connaissez la suite, si vous suivez les infos : il s’agit du droit des peuples à disposer d’eux mêmes.

 

 

 

* Je rappelle que « You’re fired » – « vous êtes viré » – était le titre de son émission télévisée, assez cruelle, qui attira un grand public américain, et dans laquelle il ne ménageait pas les concurrents, il a donc une grande expérience de l’humiliation des autres en direct. On sait que Zelensky est prêt à lâcher son poste pour une paix durable.

** Lénine, fut écarté du pouvoir en 1923 pour cause de maladie, puis mourut. .

*** Rudolf Höss, gestionnaire du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, notait que « la direction de la Sécurité avait fait parvenir aux commandants des camps une documentation détaillée au sujet des camps de concentration russes. Sur la foi de témoignages d’évadés, les conditions qui y régnaient étaient exposées dans tous les détails. On y soulignait particulièrement comment les Russes anéantissaient des populations entières en les employant au travail forcé. » , cité dans Le Livre noir du communisme 1997 , p. 30.

.****https://www.parismatch.com/Actu/International/La-petite-fille-de-Staline-est-une-femme-libre-160318

La partie historique a été rédigée grâce à wikipédia , un média  gratuit dont on peut voir les sources fiables (a refusé d’être racheté par Elon Musk).

 

 

 

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2 commentaires sur “« You’re fired » quand on a des amis comme cela, on se passe d’ennemis.”

  1. Chris, Si j’ai fait cet article c’est pour expliquer la souffrance du peuple ukrainien, pas pour polémiquer sur les européens de l’ouest qui participent, il est vrai avec une lenteur incroyable à construire une Europe forte surtout depuis 1990, chute du mur- quand même 35 ans- sans parler d’avant.. Ce qu’on voit en ce moment est totalement anachronique, Trump n’est pas et ne sera jamais l’ami de Poutine ; cette amitié de façade se construit sur le commerce, et sur des accords cachés, provisoirement, mais ne durera pas. Les chiffres fournit par Trump sont inexactes. Nous avons toujours été alliés, nous les avons aidé à devenir indépendants contre l’Angleterre : La politique n’est pas qu’une affaire de marchandage. Et surtout, n’exagérons rien les EU n’ont fait que se défendre des communistes, en mettant leurs forces en Rurope, qui sont pour eux la peste incarnée, ils ne l’ont pas fait ça par charité, après l’occupation allemande ; bien sur que l’Europe le géne, il veut tout, même le Canada. Comme dans le livre 1984, ils veulent partager le monde en trois.

  2. N’empêche Trump a bien compris avoir face à lui une Europe qui se construit contre les EU , c’est une humiliation moins violente mais bien réelle. Il a donc appelé les milliardaires à rejoindre les EU et non l’Europe appelés implicitement par cette dernière en cassant un maximum le droit du travail afin de leur proposer des quasi esclaves.

    Pendant ce temps c’est bien les EU qui financent la liberté des Européens via l’Europe…

    Ça me paraît positif les pieds dans le plat même si difficile ça fait combien d’années que ça lambine de tous côtés pendant que des millions de personnes subissent la guerre ou ses effets collatéraux ?

    À suivre ^ ^

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