Le festival du film de Cannes démarre ce soir, l’IA peut bien se tenir

La créativité serait remise en cause par l’IA : je crois plutôt que l’IA peut aider les créateurs comme en son temps la photocopie, pour de nouvelles formes d’art, mais la copie n’est pas la créativité, celle-ci est le propre de l’homme qui invente toujours. Ceci est dû en grande partie à la place de  Neptune et d’Uranus dans le thème, en rapport avec Vénus et la lune.

On  visionne des séries tous les jours : même début et même fin, avec des nécessités comme de mettre des gens différents pour être dans l’air du temps, mais au bout du compte, elles seront si  prévisibles qu’on saura qu’à la seconde scène, il va arriver une personne de couleur qui est amoureuse d’une personne qui ne l’est pas, qu’à la troisième scène ce sera deux femmes ou deux hommes qui vivent ensemble, que l’intrigue va comporter une partie de la vie du policier qui a quitté sa femme et une partie du véritable sujet jamais vraiment fini quand parait le mot Fin. Bref, tout cela est convenu et sans aucune créativité.

L’IA effectivement peut le faire avec un pitch de base et les obligations du scénario : scène d’amour au bout de trois quarts d’heure,  remarques sexistes ou remarques antisystème, différence de classe sociale, méchante belle-mère et adolescente en rupture avec sa mère. Tout ceci tourne, au bout d’un moment à des films qui visent à instruire les idiots que nous ne sommes pas. On comprend que si l’on fournit des billes à l’IA, elle peut effectivement faire le travail, mais elle n’aura aucune imagination puisqu’elle copie ce qu’il y a dans les banques de données d’internet.

Le vrai cinéma ce n’est pas cela. Il y a les films poétiques comme le magicien d’OZ,    quelquefois le scénariste est visionnaire et nous offre son imaginaire comme dans E.T, l’extraterrestre et je pense qu’il n’est pas nécessaire de vous présenter ces films culte.

On a eu dans la même veine, avec  le film le Soleil vert qui préfigurait la fin de notre civilisation en 2022 : la Terre  surpeuplée, polluée, épuisée de ses ressources naturelles, la majorité de la population vit dans une misère extrême, tandis qu’une petite élite profite du confort et de la sécurité. Dans cette société décadente, la nourriture naturelle (viande, légumes, fruits) est devenue un luxe introuvable. Pour nourrir les masses, une multinationale produit une nourriture synthétique appelée « Soleil Vert » , supposément fabriquée à base de plancton. Mais lorsqu’un haut responsable de la société Soylent est assassiné, l’inspecteur Thorn (Charlton Heston) mène l’enquête, et découvre un secret terrifiant sur la véritable origine de cette mystérieuse nourriture de masse.

La créativité, c’est  cela.

Lorsqu’on raconte des vraies vies,  elles sont souvent bien plus passionnantes parce que l’imagination aurait eu de la peine à le trouver tant l’humanité est pervertie, tandis que les drames qui finissent bien sont une source de réconfort pour le téléspectateur,   car la vie est passionnante, mais elle  peut tourner au cauchemar ou au miracle : nous avons tous été émus par  le film Le pianiste  

Les récits de vie donnent des films extraordinaires comme Slumdog Millionaire qui a remporté 8 oscars , film qui raconte l’histoire de Jamal Malik, un jeune Indien issu des bidonvilles de Mumbai, qui participe à la version indienne de l’émission « Qui veut gagner des millions ? » et qui contre toute attente répond correctement à toutes les questions. L’émission le soupçonne de tricher, et à travers l’enquête, le film retrace sa vie, montrant comment chaque épisode difficile l’a préparé à connaître les bonnes réponses.   Le film est adapté du roman Q & A de Vikas Swarup, un diplomate indien,   qui s’inspire de la réalité sociale en Inde : pauvreté, orphelinats, bidonvilles, call centers, mafia des enfants, etc.

Ou  encore, cet autre film absolument passionnant : Lion,  qui est une histoire vraie et qui  raconte le parcours de Saroo Brierley, un petit garçon de 5 ans qui se perd dans les rues de Calcutta après s’être endormi dans un train, alors qu’il attendait son frére. Incapable de retrouver sa famille et ne connaissant pas son propre nom de famille,  ni sa ville d’origine, il est envoyé dans un orphelinat et ensuite adopté par un couple australien. Vingt-cinq ans plus tard, devenu adulte, il décide de retrouver sa famille  grâce à Google Earth, en se remémorant des souvenirs fragmentaires de son enfance, et finit par retrouver sa mère biologique après une longue quête. Ce film est adapté du livre « A Long Way Home », écrit par Saroo Brierley lui-même, et a été nominé pour 6 Oscars.

Il y a aussi ce film  plus récent « Rabbit-Proof Fence » (Le Chemin de la Liberté ), basé sur une histoire vraie   qui se passe dans l’Australie des années 1930, où trois jeunes filles aborigènes  sont arrachées à leur famille par le gouvernement dans le cadre de la politique des « générations volées », enfants  retirés de force à leurs parents pour être « éduquées » dans des institutions blanches afin de les assimiler à la culture occidentale. C’e film , met en lumière une période sombre* de l’histoire australienne qui a perduré jusque dans les années 70. Cette politique s’est pratiquée aussi en occident  pour les mêmes  raisons et nous n’avons pas de leçons à donner.

Le cinéma n’est pas une copie : par les récits , le cinéma informe et nous apprend des faits révoltants, il met en lumière,  fait comprendre des sentiments qui nous sont inconnus parce qu’on juge souvent sans comprendre,  forts de nos certitudes et de nos préjugés. 

 

*On aime  aussi  aller au cinéma pour sourire ou rire, ce qui est parait-il le propre de l’homme,  mais les grands films comiques, de véritables tours de force –  comme  du temps de Molière où l’on préférait Racine et Corneille- n’ont jamais été appréciés par les  critiques, les intellectuels du cinéma, tandis qu’il sont plébiscité par le public.