Identification : lettre aux parents (4)

Il n’y a pas plus grande douleur que de perdre son enfant, mais lorsque la distance s’installe à cause des  enfants qui nous mettent à l’écart, quel chemin intérieur  pouvons- nous faire pour moins souffrir  ?

Au départ, nos enfants sont nos enfants, notre corps, nous pensons qu’ils nous ressemblent et que nous sommes indivisibles. Nous les aimons plus que tout, mais d’une manière naturelle nous pensons que pour eux, cela sera pareil. Petits ils ne peuvent se passer de nous, et nous pensons que c’est pour notre vie entière. Tout cet amour c’est merveilleux, jamais on n’a été aimé comme cela , même par un homme. Nous faisons un.

C’est là notre erreur, loin du romantisme, ils se détachent petit à petit. Il le faut pour qu’ils deviennent eux-mêmes, des personnes différentes parce que tant qu’ils sont semblables, ils n’existent pas en tant qu’individus autonomes. La loi de la vie est qu’ils deviennent autonomes. Mais il faut pour leur équilibre qu’ils continuent à sentir que quelque part, on les aime, alors ils viennent butiner au foyer un peu de nous, de temps en temps,  pour se rassurer, mais plus ils se rassurent, moins ils ont besoin de nous, le but étant qu’il n’en ait plus besoin. Puis même le peu qu’on demande,  est déjà trop.

Ils se fabriquent sur notre personnalité, puis ils se détachent de nous c’est le jeu de l’opposition, moi/l’autre, je et toi. Je prends ce qui me plaît, je te ressemble, je rejette les pépins.

Avec les enfants nous sommes dans un total égocentrisme, bébé, ils veulent le lait, adulte, ils veulent notre peau : « ma mère ceci, mon père cela ».

Première balle ! Mais en fait, c’est par amour qu’il rejette une image de vous qui n’est plus l’ individu parfait, mais celle d’un individu normal , et  cela devient de la haine, la haine étant de l’amour qui mute.

Cela dépend du caractère de l’enfant, qui est devenu adulte : entier, ou fuyant. Il ne peut plus être à l’image de cette mère adorée – l’enfant de quelqu’un qui l’a déçu – en descendant de son pied d’estale.

Quelque soit le grieffe, les grieffes il y en aura toujours  pour pouvoir se plaindre :  « tu   rabâches, tu fais trop le ménage, tu fais un métier qui me déplaît, tu es trop superficielle, ou tu n’es pas assez drôle, tu n’as pas su conserver les valeurs que je voulais voir en toi » ! Ce qui les arrangeait ou les flattait , devient une critique :  » tu dois être là, quand j’en ai besoin et, surtout ne rien dire quand je n’ai plus envie de te voir.On y passe tous un jour ou l’autre.

L’exigence, envers  les autres est le premier défaut d’un enfant , il n’a aucune exigence envers lui-même  – ce que nous apprenions autrefois dans la morale religieuse et laïque, mais qui n’existe quasiment plus dans une société matérialiste et consumériste où dieu est mort- et,  de toutes façons , cela on nous le reprocherait.

Il faut être en phase avec son temps. « Trop d’amour est aussi mal que pas d’amour » : la nouvelle façon de condamner les mères – notamment envers les garçons qui ont besoin d’espace pour pouvoir devenir des hommes.

Il y a quelques années , j’ai sorti les photos de mes enfants bébés,  puis jeunes adultes souriants, et je me suis dit que tout cela c’était fini, que ces enfants là n’existaient plus. Mes bébés, n’étaient plus : à la place, la vie m’a rendu des  adultes comme les autres, un peu mieux que certains, mais différents , façonnés par la nouvelle vie qu’ils ont. Et c’est normal. La vie est dure,  elle abime, et ils nous en veulent de leurs  galères : combien de temps faudra-t-il avant  qu’ils   nous reprochent de les avoir mis au monde !

Ils s’empressent de faire le contraire pour montrer qu’ils sont autonomes et adultes, et font l’opposé, pour nous punir d’avoir oser avoir de l’autorité sur eux, un jour.

Tout cela s’appelle des mécanismes de défenses.

Tachons d’être des mères « suffisamment bonne » ( selon D. Winnicot), et qu’ils en gardent le souvenir. Je  rappelle encore, la phrase :

« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. » Khalil Gibran

 

 

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