La retraite des mères : parlons-en !

Actuellement, les jeunes femmes  qui refusent de faire des enfants ont bien compris le problème,   en avançant   la caution morale : »sauver la planète surpeuplée »:  en fait,  elles tournent le dos à la vie de leur mère. Ceci étant, elles tournent souvent le dos à leur identité féminine,  se contentant d’imiter les hommes, à moins qu’elles ne se réveillent trop tard totalement frustrées ! C’est tout le défi d’être une femme dans une société peu amène, qui balaie ce dont elle avait rêvée : un équilibre sain entre les sexes.

D’autres femmes – même pas riches – ont choisi d’élever leurs enfants, mais ce choix ne signifie pas qu’elles renoncent à une reconnaissance financière et sociétale.

Depuis quinze ans, les féministes ont introduit la question du stéréotype de genres qui passe avant tout (pubs, téléfilms, etc),  mais en même temps, et elles  ignorent la question de « la femme  au foyer » qui accepte volontairement d’élever ses enfants ; celle-ci est considérée soit comme une gourde, soit comme une bourgeoise, soit comme une victime,  mais en aucun cas comme faisant partie des mères  utiles à la société et heureuse de s’occuper « du fruit de leurs entrailles », en outre un attachement normal , naturel, à ses petits n’est pas à mettre sur le compte d’une quelconque névrose mental.

Le travail  éducatif – domestique – n’est pas rémunéré, ni reconnu, il est pourtant indispensable, et souvent nécessaire : époux  en déplacement , absence de garde dans les environs ou coût trop élevé par rapport au salaire, dés lors que la famille de surcroit payera des impôts sur  deux salaires !

La liberté par le travail – sinon l’égalité de salaire –  est certes une chance pour les femmes,  mais elle est bâti sur une méfiance vis à vis des hommes en général, considérés comme défaillants ou lâches ou incapables de ce conduire   correctement, (voir après)  d’un autre côté lorsque les deux travaillent,  ce n’est absolument pas sur, qu’elle en soit une pour leurs enfants : c’est d’ailleurs la source de la culpabilité des femmes « surbookées » qui savent qu’il y a toujours des risques à les laisser se débrouiller seuls, sans surveillance, les réseaux sociaux, ayant aggravés les choses.

Un moment on a espéré rééquilibrer les choses avec le travail à mi-temps, mais il s’agit de travaux mal payés, pas très valorisants, la plupart du temps, donnant peu de trimestres. Le travail à domicile sur écran a été valorisé durant le COVID, mais les employeurs se sont empressés de revenir en arrière malgré les avantages écologiques et nettement profitables aux femmes qui pouvaient s’organiser.

D’après une étude, en 2014 en Corse, 17,1 % des femmes vivant en couple étaient des femmes au foyer, contre  9,7 % en moyenne  sur le continent en province : le fait d’être  dans des campagnes de plus en plus dépeuplées sans services publics, ni commerces, sans moyen de transport,  joue en outre de plus en plus sur l’absence de perspectives des mères.

Contrairement à une idée répandue, les allocations familiales ne sont pas un « salaire«  pour la mère, mais une aide destinée aux enfants, qui ne commence à être intéressante qu’à partir de trois enfants. Pour celles qui ont un ou deux enfants, l’aide est bien plus faible et ne compense en aucun cas l’absence de revenu car le montant est relativement modeste  Cette situation rend difficile pour les mères au foyer de subvenir à leurs besoins personnels sans revenu propre. On est donc face à ce sentiment d’être dénuée de reconnaissance sociale, alors qu’on parvient généralement à élever  des enfants qui a leur tour cotiseront pour la société, et qui plus suivis et surveillés,  causeront, dans l’ensemble, moins de problémes à la charge de la collectivité, car si ces enfants ne trainent pas dans la rue, c’est  parce que quelqu’un de non rémunéré s’en occupe,   disponible pour les accompagner, et que  les activités dans des associations de bénévoles dédiées aux enfants ou au secours,  sont encore un plus pour la société, qui vit sur leur dos. Par la suite, elles sont disponibles pour leurs parents âgés, et éviteront encore une surcharge sociale (place en EPHAD, etc). 

Ces questions soulèvent des préoccupations majeures concernant la retraite des femmes, en particulier celles ayant eu  des carrières interrompues, les femmes seules et les veuves confrontées à des réductions de la pension de réversion*. Les inégalités de retraite entre hommes et femmes, accentuées par des carrières interrompues et des règles complexes concernant la pension de réversion, constituent  une problématique majeure. Une meilleure information et une réforme des dispositifs existants sont essentielles pour garantir une équité entre les sexes.

Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), les femmes perçoivent en moyenne une pension de retraite inférieure de 40 % à celle des hommes. Cet écart se réduit à 28 % lorsque l’on inclut les pensions de réversion, car  Lorsqu’il y a eu un mariage, ce qui est de moins en moins le cas   la pension de réversion permet au conjoint survivant de percevoir une partie de la retraite que percevait ou aurait pu percevoir, le conjoint décédé.

« La réforme des retraites de 2023 a reporté l’âge légal de départ de 62 à 64 ans – ce qui risque de changer encore. Selon l’étude d’impact CFDT UFETAM, les femmes de la génération 1966 devront travailler en moyenne 7 mois de plus, contre 5 mois pour les hommes.  Le gouvernement affirme que la réforme contribue à réduire les écarts de pensions entre les hommes et les femmes (quid des salaires inférieures de celles-ci dans la même branche) notamment en poussant les femmes à prolonger leur activité, ce qui augmenterait leurs droits à la retraite selon Le Monde.fr.  »

Les trimestres « gratuits » accordés aux mères pour chaque enfant élevé ont été « modifiés » par la réforme. Désormais, des mesures spécifiques, telles que la prise en compte des « congés parentaux « dans le calcul de la durée de cotisation, sont mises en avant pour compenser les interruptions de carrière liées à la maternité semon Public Sénat.

Les inégalités de pensions entre hommes et femmes demeurent significatives, particulièrement dans les familles monoparentales constituées par une mère avec son ou ses enfants.

Pourquoi et comment les femmes en arrivent-elles là ? Cette question nous amène à une analyse en développement personnel qui est intéressante mais qui ne doit pas non plus vous faire croire que vous êtes une victime, si ce n’est pas le cas : donner aux autres n’est pas une névrose.

De nombreuses femmes se sont souvent identifiées à des figures de dévouement, de sacrifice, voire d’oubli de soi. Que ces modèles viennent de leur propre mère, de représentations culturelles, religieuses, ou d’une posture féminine idéalisée , ces identifications construisent un Moi tourné vers le don, la responsabilité, la survie familiale.

En s’identifiant à ces modèles, elles peuvent mettre leurs propres besoins en retrait, notamment en matière de carrière, de santé, ou de sécurité financière. Cette trajectoire mène souvent à  des parcours professionnels discontinus (temps partiel, emplois précaires, interruptions pour élever les enfants),des cotisations faibles car l’emploi est mal rémunéré, une absence de capitalisation privée (pas d’épargne, pas de propriété), et souvent peu ou pas de soutien familial, affectif ou financier. À la retraite, ces femmes se retrouvent pauvres, isolées, souvent épuisées, après une vie de « responsabilité constante ». Leur « Moi » est  un précipité d’identifications à la « porteuse », la « protectrice« , qui s’est oubliée en chemin.

Sur le plan psychique, la paupérisation à la retraite  va réveiller une blessure narcissique : « Après tout ce que j’ai donné, je ne reçois rien » (ce qui est déjà le cas de pas mal de salariés hommes, notamment dans l’agriculture ). Cela confronte ces femmes à une crise d’identité : que reste-t-il de « Moi » une fois les enfants partis, une fois le travail terminé, sans reconnaissance, ni sécurité ?

Certaines continuent à culpabiliser de ne pas « en avoir fait assez », comme si une « instance intérieure » les jugeait encore. Cela montre à quel point les identifications premières sont tenaces. Même dans l’injustice sociale, la femme peut continuer à se sentir responsable de son sort.

Une issue possible passe par une relecture de son histoire personnelle : reconnaître les sacrifices, les limites structurelles (patriarcat, précarité, isolement), mais aussi désamorcer les identifications  à la « mère parfaite », à la « femme forte qui n’a besoin de personne » !

Cela peut passer par des espaces de parole (groupes de femmes, psychothérapie),une valorisation tardive de soi (création, transmission, engagement social), et surtout une prise de conscience collective : cette situation n’est pas individuelle, elle est sociétale.

Regardons ensemble la dimension transgénérationnelle dans la paupérisation des femmes seules à la retraite, après surtout après une vie en monoparentalité pour  comprendre comment certaines identifications invisibles se transmettent, souvent inconsciemment, de mère en fille, et façonnent des destins collectifs, vécus comme individuels par des lignées féminines marquées par le sacrifice

Dans de nombreuses histoires de femmes, on retrouve une répétition : des mères seules, des femmes qui assument tout, des absents masculins (fuite, décès, abandon, maladie), des fratries élevées dans l’effort silencieux. Ces histoires deviennent des récits « fondateurs, parfois non verbalisés », mais  structurants psychiquement.

Une fille élevée dans ce contexte, peut développer une identification profonde à sa mère, vue comme héroïque, résistante, mais seule et souffrante. Même si elle ne le veut pas consciemment, elle peut reproduire ce modèle par loyauté affective, voire inconsciente.

Cette femme peut ainsi se sentir investie d’une mission : réparer la faute des hommes dans un systéme patriarcal, ne pas reproduire l’échec, protéger coûte que coûte ses enfants, souvent au détriment de sa propre vie de femme. Ce rôle est parfois renforcé par des messages du type : « On n’a pas besoin des hommes,  Une femme forte s’en sort seule.   Mieux vaut être seule que mal accompagnée. » Ces phrases, issues de vécus douloureux, deviennent des programmes internes, et donc des identifications inconscientes puissantes.

Lorsque cette femme arrive à la retraite et se retrouve en difficulté financière, il ne s’agit pas seulement d’une conséquence économique. C’est parfois la répétition inconsciente dune dette symbolique : « Je ne peux pas faire mieux que ma mère, je reste dans la même condition qu’elle, si je réussissais, je la trahirais ».

Il existe alors une filiation invisible à la souffrance, comme si s’en libérer était une forme de trahison. C’est ce que certaines approches appellent la loyauté familiale invisible (Ivan Boszormenyi-Nagy) ou encore l’aliénation transgénérationnelle (Martine Barbault et Catherine Gestas).

Pour sortir de ces schémas, un travail de reconnaissance et de transmission est souvent nécessaire : identifier ce qui ne m’appartient pas, ce qui est hérité, honorer la douleur des générations passées sans devoir  répéter la pauvreté, et la fidélité au clan. Il faudrait s’autoriser à vivre autrement, à se construire une vieillesse plus douce, plus juste, même si cela demande une rupture avec certaines loyautés.

Des démarches comme la transgénéalogie, les constellations familiales, ou des écritures de soi peuvent aider à cette relecture libératrice. Voici plusieurs pistes concrètes pour engager ce travail de reconnaissance des lignées : il faut reconstituer l’histoire familiale.

Cela consiste à explorer l’histoire des femmes de la lignée : mères, grands-mères, tantes… Quels ont été leurs destins ? Ont-elles été abandonnées ? Pauvres ? Mères très jeunes ? Éduquées ou non ? Ont-elles travaillé ? Ont-elles été en couple ? Quel rapport avaient-elles à l’argent, aux hommes, à leur corps ?

Même sans tous les détails, des motifs se répètent souvent, et leur mise en lumière permet déjà une prise de recul et de mettre des mots sur les silences

Ce qui n’a pas été dit agit dans l’ombre. Vous pouvez écrire des phrases comme :« Je vois que tu as souffert en silence. »,« Je reconnais que tu n’as pas eu le choix. », « Je te rends ce qui t’appartient. Je choisis un autre chemin. » ; Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes, mais d’un acte de reconnaissance psychique, qui ouvre la possibilité d’un positionnement différent.

On peut créer un espace symbolique, cela peut se faire sous forme de :généalogie écrite ou dessinée, avec des annotations personnelles (pas seulement les dates), autel ou espace mémoire dédié aux femmes de votre lignée, avec objets, photos, textes, rituel intime (parole à haute voix, lettre à une ancêtre, geste symbolique comme allumer une bougie, enterrer une pierre, etc.). Ces actes matérialisent la rupture avec la répétition inconsciente, en inscrivant un mouvement de conscience dans le réel.

 Le corps porte aussi la mémoire des lignée :. la danse libre, le souffle, les pratiques comme le Qi Gong, le yoga ou certaines approches somatiques peuvent aider à déloger des blocages profonds liés à des transmissions transgénérationnelles (honte, peurs, effacement, épuisement).

L’étape la plus difficile est celle de s’autoriser à ne pas répéter, à recevoir, à être aimée, à réussir, à vivre une retraite douce, à exister pleinement sans culpabilité ni dette envers les femmes d’avant. Cela peut générer de l’ambivalence : peur de trahir, sentiment d’injustice… mais c’est aussi une manière de leur rendre hommage autrement : en ne souffrant pas à leur place. 

Voici sur cette photo  des femmes qui ne s’oublient pas : elles ont effectuées un voyage dans l’espace de 11 minutes avec SpaceX.

 

 

 

 

 

 

 

 

*Dans le régime général de l’Assurance retraite, cette pension correspond à 54 % de la retraite du défunt et est soumise à des conditions d’âge (avoir au moins 55 ans) et de ressources. Les modalités de la pension de réversion varient selon les régimes  Par exemple, dans le régime complémentaire Agirc-Arrco, la pension de réversion est également soumise à des conditions spécifiques, notamment d’âge et de non-remariage. En cas de divorce, les ex-conjoints peuvent prétendre à une part de la pension de réversion. Toutefois, les conditions varient selon les régimes. Par exemple, dans le régime général, le remariage de l’ex-conjoint survivant n’annule pas le droit à la réversion, mais des conditions de ressources s’appliquent. En revanche, dans certains régimes complémentaires, le remariage peut entraîner la perte de ce droit. Il est important de noter que la pension de réversion n’est pas attribuée automatiquement. Une demande doit être effectuée auprès des régimes de retraite concernés. Un service en ligne permet de déposer une demande unique pour l’ensemble des régimes.